Délicieux Amis Darwinistes, passionnés de l’évolution de la vie et des espèces nombreuses et variées la composant, bienvenue.

Aujourd’hui je vous invite à enfiler votre plus agréable combinaison de plongée afin de partir à la découverte de l’évolution des créatures sous-marine. Si les fonds marins peuvent sembler paisibles et silencieux, ils fourmillent pourtant de luttes pour la survie, tantôt frontales et agressives, tantôt subtiles et symbiotique.

Je vous présente aujourd’hui le dernier jeu paru et inspiré de la gamme renommée Évolution : Océans – édition limitée, publié en France par Funforge, d’après l’imagination fertile de Dominic Crapuchettes et nombre d’autres collaborateurs.

Soyez acteur et témoins de l’explosion de la vie sous-marine longtemps après le bouillon originel, créez des espèces en leur attribuant les meilleures compétences afin de survivre à travers les éons, face aux prédateurs et à la famine.

La Mécanique :

Océans est un jeu de cartes dans lequel vous devez remporter le plus de points de victoire grâce aux espèces aquatiques que vous créez. Assurez-vous qu’elles soient adaptées aux milieux riches en nourriture, qu’elles puissent se défendre ou attaquer celles de vos adversaires, en utilisant des évolutions plus ou moins insidieuses et retorses.

Le jeu propose une variante avec la pioche de carte Abysse que je vous présenterai au cours de cette explication.

Au commencement étaient les cartes de type Surface, permettant aux joueurs de créer des espèces aux traits variés et aux compétences adaptatives spéciales. À son tour, un joueur peut soit créer une nouvelle espèce sur son aire de jeu, soit attribuer de nouveaux attributs à une déjà existante, sans dépasser la limite de 3.

un panel de cartes d’évolutions de type Surface

Elles sont principalement caractérisées par leur régime alimentaire : Carnivores, Benthiques ou Herbivores. Ce dernier terme n’est pas strictement exact puisqu’il s’apparente plus à la capacité d’un animal à se nourrir au niveau du récif, une zone aquatique colorée, dense en coraux, planctons et petits poissons.

Les espèces disposent également dans certain cas d’une capacité de défense limitant les pertes en population lors de l’attaque de prédateurs. Enfin, un texte explique pour certaines évolutions quel bonus supplémentaire s’y trouve associé.

de gauche.à droite : un carnivore, un omnivore et un fouisseur

Si vous ne souhaitez pas jouer de carte pour créer ou faire évoluer une espèce, vous pouvez en dépenser une afin de réaliser une migration. Il s’agit là de modifier l’équilibre initial de la réserve de nourriture représentée par les 4 zones marines du jeu : le récif, l’océan peu profond, moyen et les profondeurs. Chaque biome contient initialement 25 poissons. Lorsque vous réalisez une migration, vous déplacez certains de ces poissons d’une zone vers une autre, ce qui est très utile aux espèces se nourrissant dans le récif lorsque ce dernier a été vidé de toute ressource alimentaire.

Par la suite vous devez choisir laquelle de vos espèces nourrir ce tour. Lorsqu’elle s’alimente, elle gagne sur sa fiche population autant de poissons que sa capacité à manger. Cependant à la fin de chaque tour, votre population vieillit, aussi vous ôtez un poisson de tous les êtres vivants de votre aquarium virtuel pour le cacher derrière votre paravent, marquant ainsi des points de victoire. À mi partie survient l’explosion cambrienne durant laquelle vous ôtez 2 poissons au lieu d’1 par population.

Puisque vous ne pouvez en nourrir qu’une par tour, vous comprenez l’importance à calculer précisément si vos animaux vont passer le tour ou disparaître, car si une espèce ne peut vieillir à la fin de votre tour, elle s’éteint.

À l’inverse, si votre espèce prolifère trop vite et trop bien, une mécanique intéressante de surpopulation intervient, telle la nature équilibrant la balance de la vie, ce qui réduit immédiatement de moitié la population de la créature trop gourmande.

l’évolution des traits d’une espèce améliore son alimentation et augmente sa population

Heureusement pour équilibrer cela, des capacités permettent de gagner de la nourriture depuis les fonds océaniques lorsque des conditions sont réunies : si le voisin de droite ou gauche se fait attaquer ou s’il attaque, gagnez de la nourriture, etc. Le positionnement des créatures est donc primordial pour optimiser vos gains de nourriture.

Lors de l’explosion cambrienne, vous débloquez les cartes Abysses, un lot d’améliorations toutes uniques et sacrément puissante, faisant ressurgir à la surface les horreurs dissimulées dans les ombres des profondeurs (Non pas Cthulhu, non …)

Si les cartes Surface semblent redondantes, attendez que se révèlent les Abysses

La partie prend fin lorsque tous les poissons de la réserve ont été dévorés.

Le Matériel et les Illustrations :

Issu d’une campagne Kickstarter, Océans s’est vu décliné sous différents niveaux d’édition plus ou moins luxueux. Pour m’a part je vais vous présenter la version appelée : édition limitée.

Cette dernière propose un matériel relativement simple mais dons les couleurs chamarrées et vibrantes entraînent une forme contemplation admirative. Je me trouve souvent perdu en pleine partie à rêvasser en « plongeant » dans les magnifiques couleurs du « Récif » habité de quelques poissons multicolores.

Le matériel aux couleurs vives est somptueux

Ces derniers sont représentés de plusieurs manières différentes, mais il ne s’agit pas que d’une affaire de goût puisqu’une couleur de poisson est ajoutée pour chaque joueur à partir du 3ème.

Le Récif et l’Océan demandent un petit montage très facile à réaliser pour bien stocker la vie sous-marine en attente de se faire bouloter par vos espèces animales.

Les illustrations sont originales mais aussi pertinentes avec les effets des cartes

Les cartes ne sont pas en reste concernant les riches couleurs, du moins celles de Surface. Les cartes Abysses portent tellement bien leur nom qu’elles se voient illustrées de manière plus sombre avec des créatures étranges et inquiétantes mais qui traduisent bien une certaine crainte plus ou moins consciente des profondeurs marines.

Des cartes scénario se retrouvent également en version Foil (avec des reflets colorés)

les cartes Scénario et Abysse brillantes en bonus sont du plus bel effet

En Conclusion :

J’avais déjà apprécié mes quelques Parties sur Évolution, la version originale préhistorique de cette gamme de jeu, cependant j’ai découvert ce jeu alors que plusieurs extensions existaient déjà. Aussi séduisant Océans puissent-il être, je trouve qu’il présente 2 défauts principaux qui peuvent être atténués en adaptant un peu les règles à la sauce de chacun.

En premier lieu, la première partie jusqu’à l’explosion cambrienne et la libération des cartes Abysses est un peu longue et rébarbative à 2 joueurs. En effet, on a l’impression de créer les mêmes créatures tout en étant trop limité dans les possibilités d’évolution. En résulte une première phase un peu molle et hésitante où l’on tâte le terrain en espérant tomber sur de bonnes cartes. Les Scénarios ont tendance à orienter votre choix de création de créatures, mais ils sont débloqués tellement tard dans la partie que l’on ne peut pas créer ses espèces que dans l’attente de ces événements.

Ce qui est assez paradoxal du fait qu’à partir de l’utilisation de cartes Abysses, le jeu se transforme radicalement en une espèce de festival aquatique où se révèlent des créatures très (voir trop) puissantes, offrant enfin au jeu des possibilités d’orientation et d’évolution bien plus intéressante. Je doute que l’équilibrage sur ces cartes ait été soigné puisque les règles elles-mêmes vous précisent de supprimer les cartes Abysses que vous trouveriez déséquilibrées ou trop puissantes afin d’obtenir le jeu qui vous plaira le plus.

La mécanique est cependant assez stratégique et demandeuse de concentration puisqu’elle vous impose de réfléchir au positionnement de vos créatures, à vos sources d’approvisionnement en nourriture, avec une réflexion permanente sur plusieurs tours de jeu en avance. Il est intéressant de remettre en question à chaque tour si une puissante capacité en main doit servir à développer une nouvelle espèce ou au contraire en renforcer une existante. Je pense que ce jeu doit gagner en profondeur (pun intended) à partir de 3 ou 4 joueurs avec une d’interactions directes et indirectes entre les proies, les prédateurs et les saprophytes. Il me semble également qu’une extension serait salutaire à ce jeu pour lui offrir une première phase plus dynamique et intéressante.

Y jouer m’apporte une certaine satisfaction mais également un lot de frustrations m’imposant un temps de pause entre deux parties, ce qui est fort dommage tant le potentiel de ce jeu et sa thématique me sont excitantes à la lecture du pitch et des règles ! Une affaire à suivre donc.

Retrouvez ce jeu sur Philibert