Délicieux Amis bonjour ! Si l’on pourrait croire que le contexte actuel s’apparente à une apocalypse, attendez donc de découvrir l’univers du prochain jeu de Kolossal Games : Ruination de Travis R. Chance.

Il s’agit d’un jeu d’opposition, de conquête et de contrôle de territoire où 1 à 4 clans s’affrontent dans une lutte sans merci pour prouver leur valeur au Khan de la région.

Le jeu sera localisé prochainement en France par Matagot, aussi les amateurs des mondes tels que celui de Mad Max et autres « post-apo » seront satisfaits de pouvoir s’y essayer dans la langue de Molière.

Sans plus attendre équipons nous de plaques métalliques recombinées, trouvons les armes détournées les plus redoutables et traquons nos ennemis en prenant garde à ne pas nous perdre dans les terres désolées.

La Mécanique :

Ruination vous met à la tête de l’un des 4 clans de cet univers dévasté où vous dirigez une armée de combattants. Cette dernière comprend des cavaliers, des brutes et des grunts, ou soldats de base.

Les tours des joueurs s’enchaînent à base d’une action chacun jusqu’à avoir atteint une condition pour déclencher la fureur du Khan, précipitant ainsi la fin de la partie.

Le joueur qui l’emportera sera celui ayant accumulé le plus de points de victoire en vainquant ses adversaires au combat, en contrôlant des territoires avec des bastions et en progressant sur les pistes de Gloire et de Faveur.

L’énorme plateau central dans une installation à 2 joueurs

Chaque joueur choisi un clan en prenant son plateau joueur et ses unités. Ils s’installent dans une des régions d’angle du gigantesque plateau. Ce dernier présente 1 région de trois territoires dans les 4 angles du plateau, une région centrale (celle du Khan), ainsi qu’une zone de terres désolées qui encercle la montagne du Khan.

Le plateau résume le coût de vos unités, le bénéfice bénédictions, vos ressources et vos cartes avantages avec les avantages tactiques

Après avoir choisi un bonus de début de partie, le premier joueur choisi son action parmi 3 disponibles : le pillage, le mouvement ou le recrutement.

Réaliser une action demande de prendre la première carte de l’une des 3 piles qui nous intéresse. En premier lieu, le joueur réalise l’action de base qu’il souhaite faire, puis il bénéficie des effets bonus proposés par la carte qu’il a pioché.

Le système d’Action est simple mais riche en stratégie et variabilité, tout en permettant des tours rapides

Si vous pillez, vous avez le choix de gagner une ressource par unité présente au sein d’un même territoire contrôlé, ou de gagner la ressource correspondante à chaque zone sous votre égide.

Ensuite vous pouvez acheter une carte d’amélioration si vous l’estimez nécessaire ou en avez les moyens.

Réparties en 3 niveaux de puissance, ces atouts variés vous apportent des avantages ainsi que de nouvelles règles qui vous sont exclusives. Lors de l’acquisition d’une carte Avantage, vous gagnez un bonus immédiat, puis vous la positionnez sur l’un des 3 emplacements de votre plateau. Par la suite, lors des combats, les dés aux résultats « spéciaux » représentés par des étoiles seront positionnés sur les capacités spéciales de votre plateau sous les cartes, vous octroyant un avantage supplémentaire ainsi qu’un effet additionnel de bataille.

les cartes Avantage apportent des bénéfices ponctuels ou permanents et bonus lors de la résolution des conflits

Si vous recrutez, vous choisissez la carte visible sur la pile de recrutement (comme pour les autres actions) et allouez 3 points de recrutement afin d’étoffer vos forces armées dans une région. Un grunt coûte 1 point et vous apporte une force de 1 lors d’un conflit, une brute coûte 2 et vous apporte une force de 2, alors qu’un cavalier coûte également 2 points mais vous apporte 1 de force et 1 de létalité. Je vous préciserai l’importance de ces valeurs un peu plus tard en détaillant le combat.

Le plateau joueur résume très bien le coup et la force des unités à recruter

Une fois vos troupes déployées, vous avez l’opportunité de recruter un Exilé. Il s’agit de personnages uniques assez charismatiques vous apportant un bonus au moment de l’acquisition et un bénéfice en force et en dés lancés lors d’un combat. Ces unités spéciales sont disponibles à tous, premier arrivé, premier servi. Cependant elles se révèlent extrêmement précieuses car si vous la perdez au cours d’un conflit, cette perte est définitive.

Les Exilés apportent, comme les Avantages, un effet bonus à l’acquisition et lors des combats de manière toute aussi puissante.

Enfin une action de mouvement vous autorise à déplacer l’ensemble des troupes d’un territoire contrôlé vers un territoire adjacent, ou au contraire de choisir un territoire pour y déplacer autant de troupes possédées sur des territoires adjacents que vous le souhaitez.

Tous les terrains adjacent au Wasteland (le ravin central) sont adjacents entre eux. Si vous devez le traverser pour rejoindre votre destination, vous devez sacrifier une unité ou une ressource

Lorsque vous devrez traverser les terribles terres dévastées, il vous faudra vous acquitter d’1 ressource ou sacrifier une unité, symbolisant la rudesse de cet environnement hostile réclamant son dû.

La provocation est à son paroxysme mais le premier qui traversera le Wasteland devra en payer le prix.

Dès lors que des unités de faction différente finissent leur tour sur un même territoire, un conflit se déroule. Ces escarmouches, loin d’être vraiment stratégiques, se révèlent assez intéressantes à résoudre.

Souvenez-vous des caractéristiques que j’évoquais tantôt pour un combat.

Au début du conflit, il faut définir la force et les pertes infligées par chaque camp. Le vainqueur sera celui avec le plus grande force.

La Force est la ressource qui vous fera remporter un combat. Si vous êtes le joueur avec le plus de force à l’issue du combat, vous remportez cette bataille, des points de victoire et d’autres avantages selon vos cartes du même nom.

La Létalité est utile pour décimer les rangs adverses mais ne vous garantit pas la victoire. Plus votre score est élevé dans cette caractéristique, plus vous infligez de pertes à votre adversaire, réduisant ses forces au tour suivant.

Dans cet exemple, le joueur a utilisé un dé avec un résultat Spécial pour gagner 1 point de force. Comme il dispose également une carte Avantage, celle-ci lui apporte une perte additionnelle contre son adversaire et lui octroie un point de victoire grâce à son effet de base.

Au début de l’empoignade, les joueurs lancent des dés à raison d’un par type d’unité qu’ils engagent dans ce combat. Le résultat de ces dés peut être altéré à l’aide de jetons bénédictions que vous dépensez pour relancer un ou plusieurs dés, ou pour définir le résultat de l’un d’eux. Une fois que chaque joueur les a lancés, à tour de rôle ils en choisissent un à activer, l’écartent du champ de bataille et appliquent son effet jusqu’à ce que tous les participants à l’escarmouche les aient tous utilisé ou n’en ait plus.

Le perdant fuira le combat, à moins qu’il ne s’agisse d’un pion Nomade, auquel cas il est détruit en laissant derrière lui une récompense.

Une piste de Faveur et une autre de Gloire de part et d’autre du plateau permettent de suivre la progression des joueurs vers des bonus uniques alloués au premier qui les atteint.

Déclencher la fureur du Khan entraîne une cascade de réactions vous précisant comment gagner de précieux points de victoire

Dès lors que la 10ème case d’une de ces pistes est atteinte, que l’une des pioches Action a été vidé, ou qu’un joueur obtient 30 points de victoire, la fureur du Khan se déclenche, annonçant un ultime tour pour les joueurs avant le décompte final du score.

 Le Matériel :

Kolossal Games, comme son nom le laisse entendre, aime faire les choses en grand. Ruination ne déroge pas aux ambitions de l’éditeur puisqu’il vous propose un matériel très riche et varié, mais hélas pas toujours d’une qualité reluisante.

Une armée en pleine marche sur le plateau en impose pas mal !

L’accent a été mis sur les figurines en plastiques composant les armées et les exilés. En effet, chaque armée ne dispose que de 3 types d’unités, mais chaque clan propose une sculpture unique par type, ce qui est déjà un gros plus pour bien s’approprier son armée. Là où le jeu se distingue un cran plus haut, c’est avec la création d’un modèle unique pour chaque Exilé avec une identité proche à l’illustration sur sa carte. Certaines d’entre elles sont énormes, notamment Nergüi, le lancier monté sur un ours en armure !

La Brute, 4 clans, 4 styles différents mais toujours la même brutalité

Les plateaux joueurs proposent chacun une variante basique et avancée, pour apprendre les règles puis pour prolonger l’expérience en la renouvelant.

Le plateau est d’une très grande taille et va demander une table aux dimensions en conséquence ! Vous devez également prendre en compte les plateaux joueurs ainsi que le plateau de suivi des forces et létalité en combat. Le plateau principal est cependant bien exploité sans espace mort.

Hélas, les cartes du jeu sont d’un calibre assez fin et souvent tordues, rendant la réalisation de pioches stables pas toujours la norme, malgré un moment passé à les plier / déplier. Les jetons en carton sont quant à eux assez fins, mais heureusement ils ne sont pas à manipuler fréquemment.

C’est un défaut que l’on pourrait aussi attribuer aux figurines du jeu qui quasiment toutes viennent avec une déformation due soit à leur conception soit à leur méthode de stockage rudimentaire : en vrac dans un sac ! Je pense qu’un bain d’eau chaude / eau froide devrait régler le problème de la plupart d’entre elles mais c’est une entreprise fastidieuse dont l’on se serait bien passé.

L’inspiration est le rendu des illustrations sont vraiment top et immersifs …
… du coup je ne me lasse pas de vous en donner plein vos mirettes

Les illustrations quant à elles sont splendides et absolument thématiques. Plongeant les joueurs dans un univers post apocalyptiques aux traits de style bande dessinée. L’ambiance est superbement retranscrite, les Exilés sont originaux et les cartes Actions et Avantages mettent en valeur le travail de Chris Bayer et Roland MacDonald.

Dans le désert post apo, il y a toujours un ver dangereux
une inspiration non feinte mais rigolote

La boîte vous propose également un mode solo avec le Khan en adversaire que je n’ai pas essayé.

En Conclusion :

Malgré sa taille conséquente, Ruination offre un jeu d’abord simple, aux mécaniques nerveuses et rythmées mettant la part belle au conflit entre les joueurs. Une action chacun offrant systématiquement un choix et des variantes plus ou moins unique cassant la monotonie du nombre restreint d’actions, des choix stratégiques uniques grâce aux cartes Avantage et au choix de recruter des Exilés aux pouvoirs plus ou moins dévastateurs, une grande carte à explorer et à conquérir… Ruination propose une expérience complète de conflit et conquête. Confinement oblige, je n’ai hélas pas pu jouer à 3 joueurs, mais je suppose que cette variante imposera hélas un « King maker », à savoir celui qui saura rester en retrait du premier conflit prendra un avantage certains sur ses adversaires, mais n’est-ce pas là tout le jeu d’intrigue et de pouvoir d’une guerre d’influence dans un monde post-apocalyptique ?

En résumé ce jeu est beau, bien conçu, peut-être un peu trop léger pour des joueurs experts, peut-être un peu trop pointu pour un public familial et thématiquement pas toujours adapté aux plus jeunes joueurs. Je pense qu’une partie à 4 joueurs doit mener vers un intense chaos et une sensation de guerre beaucoup plus féroce. Les jets de dés peuvent être influencés par l’utilisation de bénédictions remportées au cours de différentes actions, mais leur part reste déterminante pour la résolution des conflits.

Ce jeu est donc une excellente occasion de vous défouler en réglant vos comptes entre amis, néanmoins il conserve une dose stratégique bien présente dans vos choix de préparation, d’offensive, et d’acquisition d’avantages. Un beau mélange en somme !