Délicieux Amis bonjour !

J’ai le plaisir de vous présenter aujourd’hui un jeu qui m’a marqué en cette nouvelle année ! Aussi malicieux et sympathique que ses auteurs : Nathalie et Rémi Saunier, Petits Peuples édité chez Bombyx propose un véritable paradoxe !

La simplicité apparente de ses mécaniques et de ses illustrations colorées par Maxime Morin, contraste avec la richesse et la complexité stratégique que renferme ce jeu, cousin des échecs.

Je remercie Asmodée de me l’avoir fait parvenir afin d’évaluer sa version physique, après avoir découvert une première fois le jeu sous TableTop Simulator en compagnie de son auteur pour AntreJeux Studio.

Sans plus attendre, rapetissons jusqu’à devenir ces petits êtres des jardins, emplis du désir fou de devenir des promoteurs immobiliers !

La Mécanique :

Dans Petits Peuples, 1 à 4 joueurs incarnent une population de minuscules êtres qui prennent d’assaut un jardin abandonné afin d’y établir leur nouveau lieu de résidence.

De manière symétrique, ils devront optimiser leurs choix de construction afin de répondre à leurs objectifs secrets en fin de partie, tout en ne perdant pas de vue les objectifs communs servis au premier qui les complète.

Le plateau est prêt à recevoir les différentes peuplades dans leur lutte sans merci !

Une piste d’ordre du tour défini quel joueur commence la partie. Ce dernier ne dispose que d’une seule action, tandis que ses rivaux auront 2 actions au cours de la manche. Rassurez-vous, le dernier joueur de chaque manche devient le premier de la suivante, ce qui lui octroie 3 actions consécutives, mais permet de faire tourner le nombre de coups de chacun.

La gestion de l’ordre du tour incombe à chaque joueur et se révèle cruciale pour n’avantager aucun adversaire.

Durant son tour de jeu, un dirigeant de Petits Peuples peut construire un étage de bâtiment sur le terrain de son choix du territoire où se trouve la Torgrue, ou en détruire un de ses bâtiments dans son intégralité.

Une construction requière de la main d’œuvre, aussi devez-vous faire appel à vos concitoyens afin de bâtir leurs logements. Le coût en ouvriers dépend du terrain et du nombre d’étages déjà présents sur ce dernier. Par exemple le premier étage sur un terrain de valeur 3 coûte 3 ouvriers, alors que le 3ème étage sur le même lieu vous coûte 5 (3 de base +1 par étage déjà présent).

Le plateau peuple trace la quantité d’ouvriers, vos stratagèmes, ainsi qu’une aide de calcul rapide pour l’abandon ou la conquête de bâtiments.

Là où Petits Peuples excelle en termes d’interactivité entre les joueurs, c’est qu’à chaque action de construction ou de déconstruction, la Torgrue se déplace vers un nouveau territoire en fonction du terrain où vous avez construit.

Vous n’aurez pas manqué de remarquer que la division du plateau en 7 tuiles Territoire. Ces dernières sont également composées de 7 terrains organisé dans une configuration similaire aux territoires. Si vous réalisez une action sur le Terrain de droite, la Torgrue se déplace sur le Territoire le plus à droite du plateau.

Il vous faut donc composer entre l’opportunité d’actions à saisir pour votre bénéfice personnel, mais également le lieu de la prochaine action afin d’embêter vos adversaires.

Une dose d’interaction supplémentaire se manifeste dans le fait que le joueur qui vient de terminer son tour choisit quel joueur lui succède !

Une partie bien entamée ! les Petits Peuples envahissent tous les territoires

Les plateaux des joueurs leurs offrent 4 Stratagèmes à utiliser une fois par action. Ces derniers permettent de modifier la position de la Torgrue vers un Territoire de valeur supérieure ou inférieure de 1. Vous pouvez également envahir le bâtiment d’un adversaire mais attention, cela vous coûtera très cher. En effet afin de remplacer l’intégralité des étages d’un adversaire sur un terrain vous dépensez 2 fois en ouvriers le coût total de la construction de l’édifice, tandis que votre adversaire, lui, remporte cette valeur en ouvriers.

Enfin l’ultime stratagème consiste à déplacer le toit d’un de vos édifices vers un autre construit sur un terrain de même couleur.

En effet lorsque vous réunissez les conditions pour réaliser un objectif public, vous devez placer un toit sur l’un des bâtiments ayant permis à sa réalisation à l’issue de votre action. Une construction dotée d’un toit ne compte pas dans vos réalisations pour vos objectifs personnels. De même, si vous ne pouvez pas placer de toit sur l’un des bâtiments qui vous a permis de réaliser un objectif public, vous ne pouvez tout simplement pas l’accomplir.

Lorsqu’un joueur ne dispose plus de bâtiment dans sa réserve personnelle, il déclenche la fin de la partie une fois la manche achevée.

Le décompte des points entre les objectifs privés et publics et la quantité de population qu’il vous reste permettra d’élire le vainqueur.

Petits Peuples peut sembler simple dans sa mécanique, mais il n’en démontre pas moins une grande complexité stratégique si vous souhaitez tirer votre épingle du jeu !

L’impact qu’ont les joueurs entre eux sur l’ordre et le lieu des actions est colossal. Lorsque j’y joue, je ressens un besoin concret d’adaptation aux coups des adversaires, comme lors d’une partie d’échecs.

Il est néanmoins difficile de s’extraire du chaos que peut provoquer une partie à 4 joueurs sur notre plan de jeu, tant l’importance de l’ordre du tour et du Territoire de jeu prédomine à notre stratégie.

Je préfère donc y jouer à 2, voire 3 joueurs maximum afin de donner plus d’importance à MA stratégie sans subir un aléa incontrôlable.

Le Matériel et les Illustrations :

Petits Peuples présente une belle édition aux couleurs chatoyantes et au matériel raffiné.

Les grandes tuiles et les plateaux des joueurs sont suffisamment lisibles et d’une dimension agréable. Les cartes Objectif sont joliment illustrées grâce à Maxime Morin dont je salue la simplicité et l’inventivité du travail.

En effet les Illustrations de Petits Peuples nous plongent dans un univers digne des « Minimoys » où le recyclage et le détournement d’objets du quotidien conduit à une intéressante réappropriation de ces derniers pour une autre échelle.

Aussi un ancien poste de radio peut-il devenir une guinguette, ou un pot de fleur ébréché, l’entrée d’un bâtiment.

Une attention particulière a été apportée aux bâtiments des différentes peuplades, dont le style architectural s’inspire directement de leur nature.

Les rouges, passés maîtres dans le recyclage de la ferraille, ont des étages remplis de canettes et de morceaux de métalliques. Les jaunes semblent plus animistes, favorisant l’utilisation d’os, de brindilles et de cordages pour leurs bâtiments.

Outre une couleur bien tranchée, ce choix permet d’améliorer le repérage des bâtiments au cours de la partie, tout en donnant une touche de diversité au plateau qui s’enrichie de tour en tour.

En Conclusion :

Petits Peuples m’a marqué lors de ma première découverte au format virtuel, aussi m’apparaissait il naturel de le découvrir dans sa version physique.

Ce jeu tient toutes ses promesses et se révèle très intéressant à quiconque aime planifier stratégiquement son jeu avec peu de règles. S’il n’est pas rare de se plaindre d’avoir « mal calculé son coup » lors d’un tour, c’est qu’il faut bien assimiler la logique de délocalisation des actions imposée par la Torgrue.

Ce petit animal aussi mignon que sympathique vous rappelle sans cesse quel lieu vous attend, vous ou votre adversaire.

Si le chaos peut se faire sentir à 4 joueurs, mettant à mal une stratégie bien peaufinée au détriment d’un aléa important, le jeu se révèle tel un véritable champ de bataille en duel. J’y retrouve même une sensation assez proche de celle procurée par une partie d’échec.

Simple, élégant et stratégique, Petits Peuples est l’une de mes petites pépites ludiques de cette année 2022 !

Retrouvez ce jeu sur Philibert