Délicieux Amis et amateurs de belles toiles, bienvenue dans cette présentation du jeu Museum Pictura. Dans cette nouvelle édition du jeu Museum, initialement édité via un financement participatif, nous devenons les curateurs de musées entièrement dédiés aux chefs d’œuvres de grands peintres. Fini les babioles et autres bibelots antiques, ici la part belle est faite aux Brugel, aux Michelange et aux Manet.

Édité par Holy Grail Games et distribué par Asmodée que je remercie pour l’envoie du jeu à découvrir, Museum Pictura se présente comme ce qu’aurait dû être le Museum original.

Mais qu’en est-il vraiment ?

Pour ma part il s’agit bien d’une re-découverte, puisque je faisais partie des premiers soutiens de la campagne participative de Museum, et sachez d’avance que ce jeu fut pour moi une énorme déception à sa réception.

Explorons ensemble ce que renferme cette nouvelle édition à priori plus simple, plus logique et moins chronophage !

La Mécanique :

Museum Pictura est un jeu de collection de cartes pour 1 à 4 curateurs de musée, proposant des parties avoisinant selon le couvercle de la boîte les 45 minutes.

Le concept de la partie consiste à accumuler dans son musée les toiles les plus en vogue répondant à la tendance du publique, tout en prenant en compte sa tendance personnelle lors du décompte final des points.

Un panel de toiles à accrocher dans votre Musée

Lors de la mise en place du jeu, chaque joueur prend un plateau gigantesque représentant son musée et les galeries qui le composent. Dans ces dernières vont s’accumuler, au fil de la partie, les précieuses toiles que vous aurez acquises.

Un plateau central permet le positionnement des différentes piles de cartes du jeu, le suivi du score et les galeries de 4 musées internationaux, ainsi que la tendance du public.

Le tour d’un joueur consiste en 2 étapes.

_ La Phase d’Acquisition, durant laquelle le joueur actif pioche 2 cartes Peinture du Marché de l’Art, puis réalise un échange avec un Musée International (MI). Les autres joueurs ont alors l’opportunité de réaliser également un échange avec un MI.

_ La Phase d’Action, au cours de laquelle le joueur actif peut embellir son Musée, organiser une Exposition Temporaire, ou faire un inventaire.

En complément, le joueur dont c’est le tour peut, s’il le souhaite, jouer des cartes Faveur. Elles apportent des bonus ponctuels afin de piocher des cartes dans le Marché de l’Art, dans la réserve de ses adversaires, d’augmenter ses points de prestiges, etc …

Les Mécènes apportent des peintures des MI, ou des points de Prestige

S’il réunit les conditions d’intérêt d’un mécène, le joueur actif peut alors récupérer 1 carte Mécène du plateau approprié. Ces derniers exigent d’avoir exposé dans son musée entre 2 et 4 toiles de certains peintres, certaines périodes ou certains thèmes.

Lorsque l’un d’eux vous accorde sa protection, vous obtenez là encore un bonus ponctuel.

L’essence principale du jeu consiste à surveiller les tendances des MI, du Public et de votre Musée afin d’engranger le plus de Prestige (point de victoire et monnaie du jeu) à la fin de la partie.

Les MI ont leur propre tendance. Les échangent peuvent coûter cher ou être lucratifs !

Une carte Tendance met en avant un Peintre (représenté par une étiquette numérotée), un Thème et une Période. Dans le cas de l’échange avec un MI, si vous lui offrez une carte répondant à sa tendance (qui ne change pas au cours de la partie), vous gagnez du prestige. Si au contraire vous lui prenez une carte qu’il apprécie, c’est vous qui perdez du prestige.

Lorsque vous exposez une toile dans votre Musée répondant à la Tendance du Public, vous remportez également du prestige. Cette dernière évolue à chaque manche, aussi devez-vous vous adapter.

Le musée jaune semble apprécier les natures mortes !

Il convient de ne pas oublier votre propre Tendance personnelle (face cachée) lors de l’élaboration de votre stratégie. En effet les points de cette dernière sont comptabilisés en fin de partie uniquement.

Pour embellir votre Musée, il vous suffit de défausser une carte Peinture afin d’en accrocher une dans l’une de vos galeries.

Tant que vous pouvez défausser des cartes dans votre réserve personnelle, vous pouvez ajouter des toiles.

L’organisation de l’Exposition Temporaire représente une manière lucrative de gagner des points de collection tout en améliorant votre partie à l’aide de bonus intéressant.

Chaque Exposition Temporaire peut être organisées 2 fois, mais pas par le même joueur

Une Exposition Temporaire nécessite d’avoir au moins 4 toiles adjacentes par un côté, accrochées dans votre Musée et partageant un thème ou une période en commun. Cet agencement s’appelle une collection et vous apporte un nombre de points de Prestige progressif selon sa taille.

Chaque Exposition Temporaire peut être réalisée 2 fois au cours de la partie, mais jamais par un même joueur. Le premier qui en réalise une sur un thème ou une période précise gagne un bonus de points de Prestige, ainsi qu’un jeton à placer sur son Musée.

Le choix de l’emplacement vous revient et dépend des avantages immédiats ou de fin de partie que vous désirez obtenir.

Enfin réaliser un Inventaire consiste à récupérer en main les cartes de votre réserve, les soustrayant alors aux intérêts de vos adversaires qui peuvent s’y servir moyennant une petite pénalité en point de Prestige. Vous obtenez également une carte Faveur et pouvez recycler les mécènes présents sur le plateau.

La partie se poursuit ainsi jusqu’à ce qu’un joueur atteigne les 50 points de Prestige, offrant alors à ses adversaires un ultime tour de jeu.

Dans l’ensemble, Museum Pictura représente une version assez proche de son ainé dont il a conservé l’essence, les mécaniques, et en partie la complexité. Le thème a évolué du milieu de l’Art général, pour le domaine de la peinture en particulier. C’est un choix judicieux selon moi, permettant une approche plus simple du thème et de la gestion de musée proposée par le jeu.
Néanmoins, si le jeu de base était mécaniquement ennuyeux et rébarbatif, celui-ci en conserve les inconvénients de manière à peine atténuée.

La mécanique est vraiment redondante, sans saveur et complexe, mais pas dans le bon sens du terme. Ce dernier point s’avère paradoxal compte tenu du fait que vous n’avez que 3 paramètres à considérer : un numéro de peintre, une couleur de Période et une icône de Thème.

Cependant le nombre de toiles sur le plateau central, en main, dans son musée, dans la réserve des autres joueurs, ainsi que l’ensemble des cartes Tendance à considérer à votre tour est éreintant.

Je regrette la manière dont le thème est desservi par cette usine à gaz mécanique. Vous aurez plus de détails en conclusion.

Le Matériel et les Illustrations :

S’il est courageux de vouloir retravailler un jeu pour lui donner un second souffle, il est stupide de reproduire des erreurs similaires avec la version « améliorée ».

« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ! » Einstein

De ma vie de joueur, il m’a rarement été donné l’opportunité de mettre la main sur un jeu aussi peu ergonomique.

Je suis d’habitude modéré dans mes propos lors d’une présentation, mais ici c’est simple, je le trouve, dans son ensemble, mal pensé.

Le plateau central est absurdement gigantesque. S’il permet de ranger de manière assez sectorisée les cartes des différents MI, sa couleur fade et son excès d’éléments de détails inutiles et faussement esthétiques ne permet pas une lecture pratique ou agréable.

Il en est de même pour les plateaux des joueurs qui sont démesurément grands. En papier cartonné, ils restent pliés au cours de la partie ce qui fait souvent glisser vos cartes.

Magnifique cette galerie de la renaissance et cette collection de paysages. Ah ce sont des peintures ?

L’illustration de la galerie est imbuvable. Une énorme grille absolument abstraite et désagréable à lire, à remplir et à organiser. C’est pourtant l’essence même du jeu.

Un très mauvais choix a été réalisé quant à la colorisation de la Galerie Centrale de chaque musée (et des couleurs des joueurs donc), puisqu’il s’agit de 4 couleurs que l’on retrouve pour les différentes périodes des cartes Peinture.

Certains de mes collègues joueurs ont donc interprété qu’ils devaient remplir cette Galerie en croix de cartes de la même couleur…

Les éléments du jeu posent également un problème de taille : Mécène, Musée, Marché de l’art… sont autant de termes qui commencent par la même initiale : M.

J’imagine que quand on « M » …. on ne compte pas !

Le résultat étant que tous les versos des cartes sont estampillées M, de même que les jetons d’Exposition Temporaire (sans la moindre logique), ce qui entraîne beaucoup de confusion sur le repérage des éléments lorsque les neurones fument.

L’ensemble des dimensions des plateaux impose, en plus d’une grande table, de jouer soit de côté, soit à l’envers par rapport aux Plateau Central. Dès lors, la lecture des éléments du jeu devient catastrophique et rend désagréable la partie.

Les cartes Faveur sont sobres mais évoquent bel et bien les années folles.

Les Illustrations des cartes sont, quant à elles, de fidèles reproductions des toiles d’origine, agrémentées de personnages les admirant où les manipulant. Quel dommage que la mécanique du jeu implique que ces chefs d’œuvres soient recouverts sur leur intégralité pour ne laisser apparaître qu’un triste bandeau avec les 3 éléments du jeu : Peintre, Période, Thème…

Si les joueurs de mes différentes parties se sont amusés des détails concernant l’époque ou le support des toiles, la lourdeur et le concept du jeu fontt que très vite on ne gère plus des œuvres d’art, mais des bandeaux d’informations …

En Conclusion :

Museum Pictura a réussi son pari de conserver l’essence de son aîné : Museum. Se faisant, il a également hérité de l’ensemble de ses défauts génétiques.

Ce jeu est une catastrophe ludique selon moi. Sa mécanique anéanti son thème.

Vous êtes des conservateurs de musées prestigieux. Votre objectif est de remplir votre édifice de chefs d’œuvres de Rembrandt, de Van Gogh et de Manet… Mais au lieu de ça, vous passez l’intégralité de votre partie à chercher du 13 bleu portrait, du 5 rouge nature morte ou du 9 violet religion…

La mécanique du jeu est rébarbative, redondante, inintéressante. Le niveau de lecture est selon moi bien trop complexe à assimiler face au nombre de cartes à analyser sur le plateau et dans la défausse des joueurs. Le mal de tête s’installe en cherchant à associer le plus de combinaisons « chiffre, couleur, icone ».

Le jeu n’a aucun concept d’ergonomie, qu’il s’agisse de la manipulation de ses éléments ou du confort mental des joueurs. L’organisation des cartes de son musée est une plaie inévitable afin d’optimiser votre score.

Et parlons-en du score :  s’il commence assez classiquement par petites tranches, le décompte final change de registre et devient une soupe infâme et démesurée. Tout à coup vous vous retrouvez à additionner plusieurs grosses dizaines de points pour avoir réalisé tel ou tel objectif, telle taille de collection. Ce changement d’échelle me laisse supposer un désir de donner l’impression aux joueurs d’avoir accompli quelque chose d’exceptionnel après une partie molle et insipide.

Il y a des signes qui ne trompent pas quant à la qualité d’un jeu. Lorsqu’au cours de 3 parties différentes avec des joueurs systématiquement différents, on vous propose de ne pas terminer la partie avant même la moitié du jeu, c’est plutôt évocateur. Y aurait-il un lien avec la durée de partie à 45’ avancée par l’éditeur ? En réalité, une partie complète semble durer une éternité.

Je trouve que Museum Pictura, au même titre que son prédécesseur, est un jeu désagréable tant à installer qu’à jouer. Il ne m’offre aucune autre satisfaction que d’avoir des toiles miniatures de Maître à la maison. Je ne peux donc que vous décommander cet achat, et pourquoi pas vous y essayer lors d’un salon, si votre temps ne vous paraît pas précieux.

Évitez ce jeu, sinon retrouvez-le sur Philibert