Tranqu-îles-itté

Délicieux Amis Bonjour !

Aujourd’hui j’ai le plaisir de vous accompagner dans un paisible périple en bateau à la visite de charmants îlots. Tranquillité vous promet un moment de détente et de réflexion en silence, faisant appel à votre réflexion et à votre intuition.

Je remercie LuckyDuck Games de m’avoir fait parvenir un exemplaire du jeu afin de vous présenter cette petite pépite sophro-ludique de James Emmerson.

Si vous me suivez depuis quelques temps, vous devez vous souvenir de mon avis concernant les jeux silencieux tel que The Mind… Découvrons donc ensemble les règles de Tranquillité et s’il arrive à se démarquer de cette catégorie jusqu’à présent insipide.

La Mécanique :

Tranquillité est un jeu de casse-tête et de réflexion pour 1 à 5 joueurs, se déroulant presque exclusivement dans le silence.

Le jeu vous demande de compléter en équipe une grille de 36 cases en suivant des règles simples :

_ les cartes numérotées se suivent de manière croissante de bas à gauche vers le haut à droite.

_ la grille doit avoir une carte Départ et une carte Arrivée pour remporter la partie.

_ les joueurs ne doivent pas parler de leurs cartes pendant la partie.

Quand je parle de jeu silencieux, c’est à moitié vrai puisque la règle vous encourage, si vous le souhaitez, à discuter d’autre chose que du jeu !

Après avoir mélangé les cartes Iles numérotées de 1 à 80 avec les 5 cartes Arrivée, les avoir réparties équitablement entre les joueurs et avoir mélangé une carte départ dans la pioche de chacun, ils piochent 5 cartes et la partie peut débuter.

Les joueurs disposent d’une action par tour parmi les 2 suivantes :

_ Jouer une carte de sa main. Si elle est adjacente à une autre carte, il défausse autant de cartes de sa main que la différence entre les numéros ce ces deux cartes adjacentes. Si l’écart dépasse les 4 cartes qu’il lui reste, il ne peut la positionner à cet endroit. Piochez ensuite jusqu’à avoir 5 cartes en main.

_ Défausser 2 cartes puis compléter sa main jusqu’à 5.

Si vous positionnez une carte entre deux autres, vous ne défaussez des cartes qu’en fonction du plus petit écart avec ses deux voisines.

Lorsqu’un joueur pioche une carte Départ et qu’elle n’a pas été installée sur le terrain, il la positionne et les joueurs doivent défausser collectivement 8 cartes. C’est l’unique occasion dont ils disposent afin d’élaborer une stratégie à l’oral sans pour autant parler précisément de leurs cartes en main.

Si le jeu peut vous paraître simple, vous avez partiellement raison. Lors d’une partie d’initiation vous réalisez rapidement qu’il n’y a pas trop de difficulté à faire rentrer une série croissante de 36 cartes alors que vous en avez 80 en tout.

Néanmoins, les erreurs peuvent arriver vite lorsque l’on positionne des cartes au jugé dans la grille. Imaginez poser un 79 à l’avant dernière place, puis souvenez-vous avoir jeté un 80 lors d’un précédent tour : la partie est alors perdue !

Néanmoins, le jeu propose une grande quantité de variante pour le faire évoluer du statut de simple « passe-temps » vers celui d’un « casse-tête » plus fourni.

Reprenons l’installation de base mais imaginez cette fois avoir ôté du jeu 4, 6, 8 ou 10 cartes à l’aveugle. Sentez-vous le stress et l’incertitude monter lorsque vous positionnez une carte ?

Vous désirez un handicap de plus ? Pourquoi pas une carte Récif acéré qui bouge à chaque pose de carte vers une des lignes du tableau de jeu, vous empêchant alors de poser une carte sur cette dernière ?

Ce n’est pas suffisant ? Et si nous incluions des cartes Monstre marin ? Vous ne pouvez pas finir la partie tant que l’un des joueurs dispose de l’une d’elle en main. Lorsqu’elles sont jouées, elles détruisent la carte sur laquelle elles ont été posées. Et oui vous créez des trous dans votre jeu et mettez à mal votre planification intelligemment préparée.

Il existe également des variantes de forme où vous remplacez le tableau carré par une pyramide, ou encore par une arche dont les pieds doivent être complétés avant le pont les reliant.

Le jeu peut également se jouer en Duel où les joueurs gagnent des points par cartes posées mais en perdent à chaque carte défaussée. Cette variante se fait à pioche ouverte, ce qui vous permet d’anticiper les coups de votre adversaire.

Enfin une ultime alternative qui, bien que complexe, me plait car elle colle au thème des illustrations du jeu : Jour et Nuit.

En effet vous l’aurez sans doute remarqué dans les photos de cet article, les illustrations représentent une île en journée et son reflet dans la nuit. Si cela ne présente qu’un aspect ergonomique et esthétique pour le jeu de base, l’orientation prend ici tout son sens.

Pour remporter la victoire en équipe, les cartes des 3 rangées du haut doivent être positionnées avec l’illustration du jour vers le haut, et celles des 3 rangées du bas avec les illustrations de la nuit vers le haut.

Pour y parvenir, vous jouez normalement jusqu’à tomber sur une carte boussole, exclusive à cette variante de jeu. Dès lors tous les joueurs retournent leur main afin que la face nuit soit orientée vers le haut. Une nouvelle action vous permet de défausser une carte afin de modifier l’orientation d’une carte sur la grille.

Je suis épaté que ce petit cube de 9cm propose autant de manières de jouer et de variantes riches.

Comme quoi il n’y a pas besoin d’une quantité outrancière de matériel pour qu’un jeu soit fortement re-jouable. Le dosage de la difficulté souhaitée se fait au gré des joueurs et de leurs envies de multiples façons.

Le Matériel et les Illustrations :

Tranquillité est fidèle à son nom tant par son thème et sa mécanique que par ses illustrations réalisées par Tristam Rossin.

Ce petit jeu est beau, très beau même, avec ses illustrations pastel et ses îles aux thèmes variés. D’un petit îlot recouvert de sapins à un thème asiatique en passant par des montagnes évoquant le grand canyon, il n’y a quelques miles. Des détails discrets mais rendant les scènes vivantes font leur apparition : des animaux qui nous observent le jour depuis l’île, et dorment la nuit.

Je trouve également très oniriques et apaisants ces reflets jour / nuit. Non content d’être beaux, ils sont également utiles puisqu’ils participent à une variante du jeu.

Les cartes ne sont hélas ni toilées ni renforcées en leur cœur, ce qui risque de conduire à une usure prématurée au fil des mélanges, ce qui est dommage compte tenu du soin apporté aux illustrations. Néanmoins je crains que le jeu perde en immersion s’il est sleevé, notamment à cause de reflets pouvant gâcher sa lecture.

En Conclusion :

Une fois n’est pas coutume, alors je vais vous proposer un deux en un. En plus de vous encourager à découvrir Tranquillité si vous êtes amateur de casse-tête en solitaire comme en équipe, je vous offre une playlist qui accompagne à la perfection ce jeu.

Il s’agit de la bande originale du jeu Spiritfarer sur Switch et Steam. Dans ce jeu vidéo où vous incarnez un passeur d’âme accompagnant des personnages vers le seuil éternel après les avoir aidés à trouver la paix intérieure, vous êtes majoritairement en train de naviguer sur votre vaisseau. Les musiques lors de ces scènes sont magiques ! Je vous recommande notamment les morceaux At Sea; Stella’s Lullaby et At Night, mais le mieux est d’écouter toute la playlist !

Reposante et nostalgique, elle accompagne parfaitement la paix promise par Tranquillité.

Grâce à cette localisation de LuckyDuck Games, je peux enfin reconnaître que des jeux « silencieux » peuvent ne pas être que de simples passe-temps mécaniques hasardeux et générateur de frustration, ou insipides.

Ouvert à la confrontation de mon sentiment à l’égard de ces jeux, Tranquillité et moi nous sommes rencontrés. Grâce à cette rencontre, je l’ai enfin trouvée.