Délicieux Amis observateurs bonjour ! J’espère que vos yeux de lynx et votre regard aiguisé sont au meilleur de leur forme, car je vais vous présenter un jeu qui ne sera pas l’ami des presbytes !

Avez-vous déjà entendu parler de Micro Macro – Crime City ? Il s’agit du jeu d’enquête et de déduction par l’observation qui a remporté le célèbre prix de l’As d’or dans la catégorie jeu de l’année.

Grâce au succès de cet événement, son distributeur, Blackrock Games, m’en a fait parvenir un exemplaire afin de le découvrir et de vous le présenter. Je les remercie de leur confiance en mon travail.

Sans plus attendre découvrons pourquoi ce jeu porte ce nom et en quoi il consiste !

La Mécanique :

Pour commencer êtes-vous familier du jeu de notre enfance : Où est Charlie ? Il s’agissait de repérer un petit personnage au bonnet rayé blanc et rouge dans une foule pleine d’images parasites.

Micro Macro reprend ce concept mais lui ajoute une notion d’aventure et d’enquête. La Ville ne s’appelle pas Crime City pour rien, vous imaginez donc que vous allez devoir principalement élucider des crimes commis dans la ville.

110×70 cm ! Imaginez que le plan déborde encore des 4 côtés ! Une bonne tranche d’observation vous attend

Cette dernière est dessinée par un tracé fin et noir sur fond blanc sur une carte mesurant pas moins de 110x70cm, et oui c’est très grand !

La ville met en scène dans de nombreux quartiers des scènes de vie quotidiennes de petits personnages aux allures difformes évoquant des extraterrestres, des lapins et autres petits animaux humanisés.

Une scène de vie banal dans Crime City, l’une des rares où aucun larcin ne semble avoir lieu…

Mais elle est également le terrain de jeu de nombreux criminels qui s’en donnent à cœur joie pour piller, tuer, voler … Votre mission, si vous l’acceptez, sera de résoudre les 16 enquêtes à disposition.

La quête d’initiation vous montre le personnage principal et oriente dans votre observation à l’aide d’une piste à suivre

Une quête consiste en une suite de cartes racontant une petite histoire et vous invitant à retrouver la scène dépeinte au sein de la ville. Lorsque vous pensez avoir trouvé l’endroit ou la scène indiquée, l’investigateur principal vérifie les coordonnées au recto de la « quête en cours » et passe à la suivante si elles sont bonnes.

Après avoir trouvé le Bar et notre protagoniste, on remonte la piste des saucisses. Tiens il avait encore son chapeau ici !

L’histoire de la victime se déroule ainsi en marche arrière car le jeu vous invite tantôt à retracer le chemin et les événements sur le parcours de l’infortuné civil, ou au contraire à poursuivre les malfrats une fois leur méfait accomplis afin de les retrouver eux ou leur butin.

C’est un des effets intéressants de la représentation de cette ville : il ne s’agit pas d’une photo satellite figée à un instant T, mais plutôt d’une superposition de photos avec un temps de pause entre chaque cliché. C’est ainsi que l’on peut suivre ou remonter une piste.

On peut ici voir 2 enfants avec un haut de forme au bout de leur canne à pêche en train de courir et assis sur un banc. La temporalité des scènes n’est pas figée. PS : évitez ce parc il semble très mal fréquenté !

Si les enquêtes principales sont simples et rapides à résoudre, certaines demandent un peu plus de temps, de déduction et de logique. Lorsqu’un individu s’engouffre dans un métro après avoir abandonné son véhicule, il faut ouvrir grand les yeux (en mode macro) pour repérer les diverses bouches de métro de la ville, puis zoomer (en mode micro) afin de de repérer ladite personne. C’est une mécanique assez intéressante que de forcer à considérer le plateau de jeu dans son ensemble avant de se concentrer sur certains endroits.

Le Matériel et les Illustrations :

Mico Macro se targuant d’être un jeu minimaliste, son matériel suit cette logique en vous proposant une grande carte de la ville, 1 loupe de type lentille de Fresnel, et enfin les 120 cartes quêtes qui, heureusement, sont à ranger dans des petites enveloppes afin de bien les stocker sans les mélanger.

un matériel minimaliste pour un jeu bien rempli

Les illustrations quant à elles sont foisonnantes de détails et de vie ! C’est simplement bluffant cette impression de regarder une fourmilière en pleine activité, telle une divinité assise sur son petit nuage se prélassant en regardant la vie sur terre se dérouler.

Je continue de scruter les détails de cette carte malgré mes nombreuses parties afin de vérifier si des Easters Eggs ou des images cachées ne seraient pas disséminées discrètement !

En Conclusion :

Micro Macro est un jeu très rafraîchissant dans le paysage ludique, bien qu’il n’invente rien qui n’ai pas déjà existé. Mais à l’image d’une innovation culinaire, en mélangeant des ingrédients ensemble on tombe parfois sur un met raffiné et insoupçonné.

L’aventure procurée par les enquêtes est exaltante car l’on saute de joie à chaque fois que l’on découvre la scène indiquée et que l’on élucide un peu plus les événements.

Le jeu est clairement orienté vers un public familial, mais je poserai un bémol quand même pour le plus jeune public. En effet même s’il n’y a pas d’effet sanglant, la ville est remplie de cadavres, ce qui demande à mon avis un certain degré de maturité face à l’approche à la mort chez les enfants qui voudraient y jouer.

J’y trouve cependant un gros défaut qui pourtant est inévitable avec la mécanique de ce jeu, c’est la découverte prématurée de scènes sur l’enquête que l’on suit. En effet comme il est indispensable de parcourir l’ensemble du plan du regard à la recherche d’un personnage précis, il n’est pas rare de trouver notre protagoniste dans un autre moment de sa ligne de vie que celui actuellement recherché. Ceci résulte hélas, pour peu que vous ayez un minimum de sens logique, en un spoil sur l’histoire en cours. Dès lors que vous connaissez la fin de l’histoire ou découvrez une étape intermédiaire de l’enquête, vous remontez le fil jusqu’à la bonne scène représentée sur votre carte d’étape mais vous avez pris connaissance indirectement de la suite.

Ceci est selon moi un vrai défaut de conception du jeu qui vous invite à ne pas vous gâcher le plaisir de l’investigation en ne regardant les cartes indices avant d’y être invité alors que l’exploration de la ville est en elle-même potentiellement responsable de ce spoil.

Une fois les 16 enquêtes terminées, le jeu est-il réellement fini ? Et bien non car il vous reste toujours le loisir de choisir des personnages aléatoirement dans la ville et de suivre leur histoire en remontant ou suivant leurs déplacements.

C’est ainsi que l’on découvre avec amusement que les auteurs et illustrateurs ont créé tout un tas d’historiettes qui dépasse largement les enquêtes. Certes, une grande partie des habitants de Crime City ne font partie que d’une boucle sans rebondissement, mais il est agréable de pousser le jeu un cran plus loin.

À dire vrai, j’ai préféré cette profondeur de jeu que le simple suivi de quêtes qui demeurent relativement simples, et plus encore si vous avez passé beaucoup de temps sur la carte à repérer des personnages insolites qui deviennent les personnages centraux de prochaines investigations.

C’est donc une agréable expérience que ce jeu « à usage unique ». L’effet Waouh qu’il procure en phase de découverte est énorme, bien qu’il s’estompe rapidement avec la redondance de sa mécanique et des déductions qu’il vous pousse à faire. Je vous le recommande si vous souhaitez faire un tour sur un aventure légère et peu complexe, mais néanmoins loin d’être exempte de défauts qui lui ont malgré tout permis de remporter un As d’Or Jeu de l’année.

Retrouvez ce jeu sur Philibert