Délicieux Amis passionnés d’Antiquité Egyptienne, bonjour !

J’ai le plaisir de vous recevoir aujourd’hui afin de vous présenter un jeu dont la première édition date de 2012 mais qui a été remis au goût du jour lors d’une campagne participative par Matagot en 2020, j’ia nommé Kemet, de Jacques Bariot et Guillaume Montiage.

Si cette époque nous amène souvent à fantasmer aux mystères renfermés dans les pyramides et leurs hiéroglyphes, il convient de ne pas oublier les sanglantes batailles pour la domination des espaces fertiles qui eurent lieu près du Nil.

C’est dans cette revisite historique que vous plonge Kemet : combattez vos adversaires pour le contrôle des temples divins que vous emplirez de prières, traverser les remparts des cités ennemis et prenez le contrôle de leurs pyramides. Élevez-vous aux faveurs du panthéon divin par vos offrandes, ou gagnez en prestige dans d’impitoyables victoires guerrières.

Je remercie Matagot de m’avoir fait parvenir un exemplaire de cette nouvelle édition à vous présenter.

La Mécanique :

Kemet est le nom donné à l’Égypte antique en référence au limon noir des rives du Nil rendant les terres environnantes si fertiles.

La prospérité des peuples riverains conduisit à une expansion exponentielle conduisant inéluctablement vers une guerre de contrôle et de domination.

Dans le sang et le sable se dessinait l’avenir de ce peuple en avance sur son temps.

Le jeu proposé pour 2 à 5 joueurs (6 avec une extension) vous met à la tête d’un clan adorant une divinité égyptienne, de la rusée Bastet au puissant Sobek et j’en passe.

La cité du joueur vert avec une Pyramide de niveau 3 dans son quartier.

Chacun est au contrôle d’une cité de 3 quartiers protégés par des murailles. Vous y érigez des pyramides sur 1 à 4 niveaux vous octroyant la capacité d’acheter des pouvoirs divins renforçant votre armée et vos compétences, de vous téléporter vers des obélisques, tout en vous rapportant un point de victoire si vous l’élevez à son paroxysme.

Après plusieurs tours de jeu, Ouadjet possède une pyramide blanche T4, une rouge T1 et une bleue T2. Les Pouvoirs Divins disponibles sont en lien avec ces niveaux de Pyramide.

Chaque pyramide est surmontée d’un cristal de puissance de l’une des 4 couleurs de pouvoirs divins : le rouge favorise les compétences d’attaque alors que le bleu s’oriente vers la défense, le blanc possède une fonction de soutien sur la gestion de votre ressource principale : la prière, alors que le noir apporte un subtil équilibre entre offense et défense.

Cette troupe militaire de Ouadjet vient conquérir un temple sans combattre.

Les joueurs ont 12 unités à leur disposition réparties en troupes de 5 soldats auxquelles peuvent s’ajouter des créatures mystiques. Du scarabée géant à la majestueuse grue, ces derniers apportent des bénéfices offensifs, défensifs, de mobilité ou altèrent certaines règles du jeu. Ces puissants compagnons sont un atout important pour votre course à la victoire !

Face au redoutable scorpion de l’armée d’Horus, les troupes de Bastet vont mordre la poussière.

Une partie de Kemet est dynamique et rythmée par une Phase de Jour au cours de laquelle les chefs de clans réalisent les uns après les autres l’une de leurs 5 actions du plateau joueur, puis d’une Phase de Nuit au cours de laquelle sont résolues dans l’ordre des phases de gains de points de victoire, de prière, d’intervention divines, etc …

Le plateau joueur est simple à comprendre et élégant. Jouez vos jetons Action à raison d’un par étage puis comme bon vous semble.

La Phase de Jour correspond donc au cœur de l’action de Kemet. Les plateaux joueurs sont identiques quelle que soit votre divinité. Une règle très importante impose à chaque joueur d’utiliser une action des 3 étages de la « Pyramide d’Action » représentée sur son plateau avant d’en choisir une nouvelle sur une rangée déjà utilisée.

Cette information est primordiale puisqu’elle peut briser l’élan d’une stratégie mal préparée, mais apporte également une information tactique primordiale à vos adversaires : l’anticipation de vos possibles réactions.

Vous pouvez donc prier afin de gagner la « monnaie » du jeu, utile pour à peu près tout, recruter des unités dans votre ville, ordonner le mouvement d’une troupe et enfin acheter des Pouvoirs Divins.

Cette partie est la plus intéressante à mon goût puisqu’elle est la source de la personnalisation de votre armée et donc de votre ressenti de la partie.

Après plusieurs tours de jeu, les Pouvoirs Divins bleus ont été délaissés face à l’agressivité des rouges et à l’efficacité des blancs

Les tuiles de Pouvoir Divin sont réparties en 4 niveaux de qualité et requièrent de l’acheteur d’avoir de posséder une pyramide de la couleur des compétences souhaitées, d’un niveau au moins équivalent à celui de la tuile convoitée. Vous acquittant d’un coût égal au niveau de la tuile achetée, vous gagnez alors un bonus permanent qui renforce votre armée de manière asymétrique pour le reste de la partie.

La grande carte militaire représentant un bras du Delta du Nil amènera vos troupes à voyager vers des temples afin d’y gagner des Points de Renommée temporaire et des prières gratuites ou contre sacrifice lors de la Phase de Nuit.

Vous pouvez également assaillir les remparts et quartiers de vos adversaires afin d’assoir votre suprématie guerrière, mais cela ne sera rentable que lorsqu’ils auront construit une Pyramide de niveau 4.

Approchant de l’issue de la partie, rien n’est joué avec quelques coups bien placés pour récupérer ou faire perdre des PRT.

Une richesse de ce jeu qui lui donne selon moi une grande partie de son attirance enivrante c’est la notion de Point de Renommée (PR) soit Permanents (PRP), soit Temporaires (PRT).

Une capture de temple ou de quartier avec une Pyramide de niveau 4 vous octroie un PRT, mais vous le perdez dès lors que vous n’êtes plus en contrôle de cette zone. Cette notion encourage les joueurs à chercher le conflit dès que l’opportunité se présente, d’autant qu’à l’issue d’une bataille remportée, le vainqueur gagne un PRP !

La partie prend fin lorsqu’un joueur possède au moins 9 PR pendant un tour complet, aussi est-il toujours possible de contester la victoire !

Les batailles font appels à la planification et au bluff. Dès lors que deux troupes se retrouvent sur une même zone, un conflit éclate.

Chaque joueur dispose du même ensemble de carte Combat ainsi que de cartes Intervention Divine (ID).

Les cartes combats font appel à plusieurs caractéristiques. Après avoir joué une carte face visible, vos adversaires prévoient plus aisément vos capacités pour de futures escarmouches.

Au début du conflit, les joueurs choisissent 2 cartes Combat de leur main, en écarte une face cachée qui ne sera plus accessible jusqu’au rafraîchissement intégral de ses cartes, puis joue l’autre face cachée. Il peut s’il le souhaite cacher dessous des cartes ID, sorte de bonus éphémères accordant des bonus complémentaires mais à usage unique. Le bluff est hautement recommandé à ce moment !

L’assaillant et le défenseur révèlent simultanément leurs cartes et comptabilisent les 3 caractéristiques suivantes : la puissance, les pertes et les défenses.

L’issue d’un combat dépend de la puissance. Celui qui possède la valeur la plus importante de puissance remporte le combat, qu’il ait perdu l’intégralité de ses unités ou non. Il remporte alors un PR et, si l’adversaire choisit cette option, fait battre en retraite le perdant d’une zone. Il peut cependant préférer rapatrier ses unités dans sa réserve afin de les redéployer ultérieurement.

Les pertes représentent le nombre d’unités décimées lors du combat dans un camp comme dans l’autre. Elles sont d’autant prévenues que les joueurs de défense, sauf dans le cas de pertes irrémédiables.

Une fois les calculs faits, les joueurs suppriment les unités perdues, et la partie reprend.

Kemet Blood & Sand porte clairement bien son nom ! Du sable vous allez en parcourir et du sang vous allez en verser.

Sa mécanique générale est très simple à appréhender, mais sa richesse tient dans l’asymétrie qui découle de la personnalisation de votre camp grâce aux pouvoirs divins.

Sa mécanique est suffisamment peaufinée et dynamique pour éliminer les temps morts. Une partie se déroule de manière très fluide, les actions s’enchaînent sans pause.

L’accent est définitivement mis sur le conflit plus que sur le développement de sa civilisation, bien qu’il fasse partie intégrante du jeu.

Ce qui surprend avec Kemet, c’est que l’on sent, par sa simplicité et sa conception, qu’il s’agit d’un jeu d’un certain âge. Point de règles alambiquées à rallonge ou de cent manières de scorer des points. Vous vous développez, vous vous déplacez, vous attaquez !

Il est fort agréable de constater que malgré presque une dizaine d’année d’existence, ce jeu n’a rien à envier aux jeux modernes d’escarmouche et rempli allègrement son rôle de défouloir stratégique.

Le Matériel et les Illustrations :

Kemet Blood and Sand voit son édition 2020 revisitée sur de nombreux points.

Ses illustrations pour commencées ont été majoritairement refaites. Le plateau de jeu fait beaucoup plus moderne et réaliste que celui d’origine. Les illustrations des tuiles Pouvoirs Divins restent majoritairement les mêmes.

Quelques choix de colorimétrie, notamment sur les cartes ID ont évolué.

L’iconographie du jeu est extrêmement claire, d’inspiration hiéroglyphique mais intelligible.

Les figurines représentant les unités sont personnalisées au regard de leurs divinités. Ainsi les adorateurs de Ouadjet portent un chapeau serpent tandis que ceux d’Anubis ont un casque en tête de chien. Bien que les postures des créatures soient plus dynamiques, je trouve que la qualité des figurines reste modeste, notamment quant au choix du plastique (mou) comparé à ce qui existe aujourd’hui.

Bien que l’échelle des créatures ne soit pas toujours proportionnelle aux unités, elles sont imposantes et remarquables sur le terrain.

La boîte de base contient l’extension de la première édition appelée Ta-Seti, celle incluant les Pouvoirs Divins noirs. Plutôt cool d’avoir une extension incluse dans la boîte de base non ? Voilà un enrichissement des évolutions possibles pour votre armée.

Les troupes d’Horus ne craignent pas l’armée verte et sa guivre tant qu’ils ne trouvent pas le chemin d’un port verts leur fief.

Enfin je dois noter que la boîte est munie d’un insert bien pensé et adapté au stockage de l’ensemble des éléments, ce qui n’est pas toujours le cas pour les boîtes de ce gabarit.

En Conclusion :

Kemet est un jeu auquel j’ai joué une fois dans sa première version il y a plusieurs années. À l’époque il m’avait laissé un goût de reviens y et mon envie d’apprendre à le dompter demeurait sur sa faim. En 2021, à la découverte de sa nouvelle édition remaniée et améliorée, je dois bien constater une chose : malgré ses mécaniques simples et légèrement surannées, ce jeu reste excellent ! Précurseur de grands concepts dont le succès n’est plus à prouver aujourd’hui, il propose une personnalisation ainsi qu’une asymétrie vraiment intéressante aux joueurs !

Offert à vous dans une version remise au goût du jour avec une extension incluse, cette boîte de Kemet promet de longues heures d’escarmouches endiablées entre amis. Ils ne le resteront peut-être pas après que vous leur ayez piqué LE Pouvoir Divin qu’ils convoitaient tant.

Ce jeu est doté d’un dynamisme infaillible et d’un rythme effréné mettant l’accent sur l’action et la stratégie. Plus vous maîtriserez les ficelles de ce qu’il peut vous offrir, plus vos parties seront rapides, vos coups impitoyables et votre victoire grandiose.

Je vous recommande vivement de partir à la découverte de Kemet Blood & Sand aux éditions Matagot pour passer d’excellents moments dans ce jeu de conquête et d’escarmouche stratégique et asymétrique. À L’assaut !

Retrouvez ce jeu sur Philibert