Délicieux Amis des éléments bonjour et bienvenue dans cette présentation d’un jeu particulier, poétique et esthétique, se posant comme une lueur d’espoir dans un paysage ludique souvent un peu trop uniforme : Lueur, édité chez Bombyx.

Dans un univers fait de noir et blanc, votre héros et sa troupe de compagnons plus ou moins attendrissants partez pour un périple où vous apporterez dans la contrée votre petite touche de couleurs vives grâce à vos différents éléments. Il ne fera pas bon broyer du noir dans ces mornes plaines ou sur cet océan obscur.

Je remercie Bombyx et Asmodée de m’avoir envoyé un exemplaire du jeu afin de le découvrir et vous partager mon expérience ludique.

La Mécanique :

Lueur propose un système d’exploration de plateau, à l’instar d’un jeu de l’oie, mais agrémenté d’une gestion de dés de ressources et de cartes Compagnon qui vous aident au cours de votre odyssée.

Ce jeu gentiment compétitif pour 2 à 4 joueurs vous propose de choisir un héros spécialisé dans un type d’élément : l’eau, le feu, l’air, la roche et la nature. Chacun bénéficie d’une puissance propre (un nombre de dés).

Le jeu est rythmé en 8 manches chacune divisée en périodes d’une journée. Les 5 phases qui la composent, de la matinée à la soirée, vous impose un type d’action spécifique, de la préparation de votre voyage au recrutement des compagnons, jusqu’au périple.

les compagnons qui vous accompagnent dans votre périple

Après avoir enrôlé un premier compagnon sur le plateau Rencontre et reçus les dés qui lui sont associés pour cette manche, vous déterminez votre réserve d’énergie en les lançant. Le résultat constitue les éléments à votre disposition pour la manche. Ils vous seront utiles durant les deux prochaines étapes du jeu.

le choix est important, quels bonus désirez vous obtenir en cours de partie ?

En premier lieu, ils vous servent à activer les pouvoirs de vos cartes Compagnons et de votre Héros afin de gagner des bonus comme des relances de dés, des petits pas pour progresser dans les camps à travers la province des ombres, des lucioles embouteillées et de précieux points de Lueur (de victoire en somme, mais pas uniquement). Les dés ne sont pas dépensés pour activer un pouvoir, aussi le même dé peut être employé sur 2 ou plusieurs de vos cartes personnages.

Votre lancer de dés permet d’activer les bonus de vos 2 personnages, bravo. Hélas, adieu Lumipili

Ils vous permettent ensuite de progresser sur le terrain de manière différente selon le côté du plateau choisi.

Dans la province des ombres, chaque case impose d’avoir, ou au contraire de ne pas avoir obtenu un élément spécifique.

Grâce à son résultat et l’absence de certains éléments, le joueur a progressé loin en un tour

Dans l’Archipel ténébreux il ne s’agit plus d’obtenir exactement un certain type de ressources pour évoluer d’île en île, mais plutôt d’obtenir un certain nombre de type différent de ressources. Vous ferez ainsi voguer vos 4 bateaux vers les îles les plus prometteuses en points de Lueur.

la manière de se déplacer dans l’archipel n’est pas la même que dans la province

Dans un cas comme dans l’autre, le chemin que vous empruntez dépend directement de votre résultat de ressources. L’intérêt majeur du choix de votre parcours dans ce monde en nuances est de vous rendre le plus rapidement vers des villages, sorte de havres lumineux où établir votre campement. Ainsi vous gagnez des points de Lueur en fin de partie. Durant votre ballade dans ces sombres contrées, vous récupérez également des bonus ou rencontrez des obstacles qui éliminent vos compagnons. Il est évident que plus le village est éloigné et difficile à atteindre, plus vous êtes récompensé en fin de partie.

Cette énergie mystique sert à la fois de point de victoire, mais également de ressource. Lorsque vous lancez vos dés au petit matin, vous pouvez décider de reculer votre jeton de score sur la piste jusqu’à une case vous octroyant une relance. Plus vous avez progressé sur la piste, plus nombreuses seront les cases à parcourir en arrière pour gagner ces précieuses relances. Ceci demande de trouver un équilibre entre la recherche de jets parfaits pour activer le plus de vos bonus favorables de Compagnon, emprunter le chemin optimal de la province, le tout au détriment minimum de votre score final.

Le Matériel et les Illustrations :

Lueur est une véritable réussite graphique. La direction artistique du jeu mêle à la fois crainte et sérénité dans cet univers en noir et blanc onirique, rehaussé par de subtiles touches colorées grâce aux pions et aux dés multicolores transparents. L’effet est bluffant et me séduit énormément.

Bien que les dés soient en plastique, ils sont assez agréables à manipuler.

le verni sélectif des 2 faces est très joliment appliqué

Les cartes du jeu sont en grand format avec un verni sélectif, au recto et au verso, sur les éléments qui la composent, ce qui, une fois encore, offre un mélange artistiquement très appréciable.

Les illustrations sont, quant à elles, de véritables perles artistiques. Des bêtes étranges, mi fantaisistes, mi cauchemardesques, se dresse dans des volutes noires et blanches n’étant pas sans évoquer un travail à l’encre de Chine. Le coup de maître vient du fait que les illustrations, dans leurs traits parfois abstraits, font apparaître des formes en lien avec les éléments associés à la carte. Par exemple un Loup avec des branches en feuilles dans le dos, un Poussin avec des volutes enflammées… Il s’agit d’un type d’illustration que l’on ne retrouve pas souvent dans cet univers ludique qu’est le nôtre, mais il est ici choisi à merveille, sublimant le thème de ce jeu, lui aussi, peu conventionnel.

Les illustrations sont tantôt émouvantes, tantôt effrayantes

Une fois n’est pas coutume, il s’agit là d’une collaboration entre Ben Basso et mon chouchou Vincent Dutrait ! Cet artiste exceptionnel est donc partout !

En Conclusion :

Lueur, vous l’aurez compris, ne revêt ni une grande difficulté ni une mécanique sollicitant à l’excès votre matière grise. Le jeu est d’une simplicité remarquable ce qui lui offre une fluidité innée rendant les parties rapides et l’envie d’y rejouer assez pressante.

L’aléatoire des dés lancés entraîne forcément son lot de frustration, aussi pensez à optimiser la sélection de vos compagnons en fonction de leurs bonus et pas uniquement du chemin que vous souhaitez suivre sur le terrain. Il est évident que le travail d’illustration et de DA sur ce jeu représente au moins 50% de l’attrait que je lui porte, néanmoins sa mécanique reste extrêmement bien huilée et agréable à maîtriser.

J’en viens à me demander si l’on aurait pas déjà trouvé un nouveau candidat pour l’As d’Or 2022 !

Retrouvez ce jeu sur Philibert