Délicieux amis enquêteurs bonjour. S’il existe des événements historiques majeurs, certaines lignées de sang le sont elles aussi.

La famille Lavel connue dès le 15ème siècle pour son éminent chevalier Abelard, qui a participé à la résolution d’enquêtes moyenâgeuses grâce à son chien et ses dons de prémonition. Au 20ème siècle, c’est Victor Lavel qui, travaillant comme journaliste pour la Gazette de Paris, s’est fait un nom en enquêtant et semant le trouble au sein d’organisations criminelles de l’époque.

Nous incarnons aujourd’hui Katia Lavel en l’an 2400. Cette ancienne agente de sécurité de corporation a quitté son statut aisé et ses nombreux avantages sociaux afin de se libérer de ses chaînes professionnelles et devenir investigatrice privée.

À cette époque où l’Humanité a clairement accepté l’augmentation artificielle de son essence charnelle, Katia usera de ses différents atouts cybernétiques et de son drone Corbeau afin de mener à bien ses enquêtes.

Chronicles of Crime 2400 édité par Lucky Duck Games signe la clôture de la saga millénium du célèbre jeu d’enquête assisté par application.

Découvrons ensemble si ce 3ème volet se distingue suffisamment de ses prédécesseurs ou se présente comme une énième itération d’une mécanique déjà bien exploitée.

Je remercie Lucky Duck Games de m’avoir fait parvenir un exemplaire presse à découvrir afin de vous le présenter.

La Mécanique :

Comme à l’accoutumée, permettez-moi de vous faire une brève présentation afin de vous rappeler la mécanique de base de cette gamme de jeu.

Chronicles of Crime (CoC) est un jeu d’enquête assisté par une application sur mobile.

Le concept novateur amène les joueurs à scanner les QR codes de lieux pour s’y rendre, de personnages pour les interroger, et d’objets pour les prendre et les observer.

Les investigations vous amènent également à associer différents QR codes afin d’interroger un suspect sur un objet dont il pourrait nous apporter des informations.

L’application permet la visualisation à 360° de scènes de crime ou de certains lieux d’enquête. C’est principalement lors de ces scènes d’investigation virtuelles que vous remarquez et obtenez des objets-preuves ou parasites.

Durant l’exploration de scènes, vous trouvez des objets et des preuves plus ou moins pertinentes.

La résolution de l’enquête, lorsque vous pensez avoir dénoué toutes ses ficelles, vous amène à un interrogatoire où vous scannez les personnes et objets qui selon vous répondent aux questions posées. Le temps passé à la résoudre est également important si vous souhaitez obtenir le maximum de points.

CoC 2400, dans son univers clairement cyber-punk, propose quelques innovations.

Katia Lavel est, comme la plupart de ses contemporains, une humaine augmentée. Cela signifie qu’elle a recours à des implants cybernétiques afin d’améliorer ses compétences en capacités.

J’apprécie le plateau avec les différentes augmentations qui font évoluer l’apparence de Katia

Aussi démarre-t-elle les scénarios avec différents modules comme par exemple un Tomographe afin d’identifier des anomalies sur vos interlocuteurs, ou un Neutraliseur qui, comme son nom l’indique, peut neutraliser une menace, un androïde, etc …

Votre héroïne dispose de 5 emplacements d’améliorations. L’utilisation de ces dernières consomme de la Bio-énergie, ce qui vous limite et vous encourage à les exploiter de manière opportune. Si votre batterie se vide, rendez-vous à votre domicile afin de la recharger moyennant une heure de temps.

Katia n’enquête jamais seule puisqu’elle est accompagnée, à l’instar de son ancêtre Abélard, d’un compagnon. Si l’aïeul possédait un chien perspicace, Katia dispose d’un corbeau cyborg aux nombreuses compétences. Ce drone peut localiser des suspects, réaliser des recherches Internet, vous conseiller, etc …

Votre fidèle compagnon est aussi un drone, un ordinateur connecté ainsi qu’un fort soutien émotionnel !

Enfin CoC 2400 introduit la notion de rencontres virtuelles. En effet à cette époque où la technologie est devenue inhérente au quotidien humain, une grande partie des rencontres se fait de manière virtuelle sur le Net.

Aussi serez-vous amené à rencontrer des Avatars au lieu de protagonistes lors de vos interrogatoires. Ces êtres dématérialisés auront tendance à cacher leur véritable identité, aussi vous faut-il être perspicace afin de les identifier.

Le net et ses Avatars plus ou moins étranges et effrayant. Un troll se cache parmi eux !

Dans l’ensemble, ce nouvel opus de la saga d’enquête virtuelle n’apporte rien de très innovant.

Le compagnon a déjà été exploité, bien qu’il soit plus sophistiqué en 2400 qu’en 1400, tandis que les augmentations cybernétiques ont tendance à alourdir le jeu. En effet, ces dernières vous demandent un axe supplémentaire de réflexion dans votre enquête. En plus de me rappeler des outils à ma disposition, de projeter les potentiels résultats à en tirer en réfléchissant aux personnages sur qui les employer, j’ai trouvé que le jeu se complexifiait un peu trop. Ces nouveautés n’ont pas vraiment émulé mon intérêt pour les aventures que j’ai complété jusqu’à présent. Il s’agit d’une simple nouvelle grille d’interprétation plutôt fade des enquêtes proposées.

L’univers souffre malheureusement d’un petit hic qui m’a semblé assez anachronique : les noms bien français des personnages.

S’il est plutôt bon et chauvin d’apprécier une touche nationale dans un jeu, je n’arrive pas un instant à m’immerger dans une histoire en 2400 dans une ambiance Cyber Punk avec des Marie Dubois, Gérald Froissard et autre…

Les puristes me diront sans doute qu’il n’y aura rien d’anormal à conserver des racines aussi contemporaines dans 400 ans, cela me pose néanmoins un véritable problème d’immersion.

Le Matériel et les Illustrations :

Comme à l’accoutumée, le matériel plutôt simple et sobre consiste en une série de cartes de plus ou moins grande taille répertoriant des lieux, des personnages et des objets.

On retrouve le matériel habituel : des cartes, des aires de jeu, un excellent insert…

Le tout inclus dans un insert de bonne qualité dont nous sommes désormais coutumiers.

Les illustrations, quant à elles, représentent assez fidèlement ma vision d’un avenir bicéphale où l’hideux est séparé du beau. Certains lieux sont très épurés, technologiquement raffinés, tandis que d’autres sont de véritables taudis, des décharges où vermines et déchets frayent indifféremment.

Aussi trouvera-t-on une cathédrale Notre-Dame entourée d’échoppes médiocres et glauques dans des ruelles dignes de véritables coupe-gorges. Une « Cours des Miracles » en somme.

Les personnages, quant à eux, sont assez bien adaptés aux milieux cités plus hauts. Entre une caste dirigeante pour qui allure et prestance vont de pair avec la notion de Pouvoir, s’opposent à des humains pauvres pour qui le souci de l’apparence cède la place à la performance. L’avenir marque une franche opposition entre les nantis et la lie de l’humanité selon la vision des illustrateurs.

Des augmentés, des androïdes, des punks et des avatars virtuels… Un bel avenir à prévoir d’ici 400 ans !

Néanmoins, je ne peux réprimer un étrange sentiment d’inadéquation entre l’allure et l’époque des personnages face aux noms français très (trop contemporains) qui leurs sont donnés. Imaginant une plus forte anglicisation du langage dans les 400 années à venir, je m’attends également à une évolution des noms et prénoms des individus.

En Conclusion :

Cet ultime volet « 2400 » de la saga Millenium – Chronicles of Crime, poursuit l’aventure de la famille Lavel en apportant de modestes innovations plus thématiques que pratiques. La transposition du système d’enquête assistée par application avec scan de QR code à l’époque futuriste fonctionne bien. Très bien même. Les gadgets et augmentations technologiques à disposition de l’enquêtrice sont assez immersifs bien qu’ils complexifient le niveau de lecture des actions disponibles.

Du reste, je regrette le nombre restreint d’enquêtes disponibles. Au nombre de 2 (en excluant au tutoriel l’appellation d’enquête), la première se décline en 3 volets constituant une sorte de campagne, alors que la dernière est une mission unique. Cela me semble un peu court, d’autant qu’aucune enquête additionnelle payante n’est à ce jour disponible. Cependant les thèmes abordés me semblent adaptés. La première histoire vous amène à élucider une scène de crime étrange impliquant un gardien de Corporation, un malfrat et une drogue de synthèse mystérieuse. La seconde vous amène à déterminer les causes du décès du PDG de la division IA de la surpuissante Corporation BelCor.

Sans rien révolutionner de la gamme, CoC 2400 se présente comme une suite assez logique, réfléchie mais un peu maigre de la saga. Si vous êtes fan de ces fameuses enquêtes à QR code, nul doute que ce nouvel opus trouvera sa place dans votre ludothèque. Néanmoins je lui ai largement préféré l’atmosphère et les nouveautés proposées dans l’épisode 1900, qui reste à ce jour dans mon Top 2 CoC.

Retrouvez ce jeu sur Philibert